Le royaume du Cambodge

Asie du Sud-Est - capitale : Phnom Penh - 15 millions d'habitants - 181 035 km2

Langue principale : khmer - Religion principale : bouddhisme

Roi : Norodom Sihamoni depuis le 14 octobre 2004 (fils de Norodom Sihanouk (1922-2012)

Premier ministre : Hun Sen (depuis le 30 novembre 1998)

drapeaux cambodge

 

INTRODUCTION A L'HISTOIRE DE L'EMPIRE KHMER ET DES TEMPLES D'ANGKOR

 

Au début de l'ère chrétienne, l'installation des tribus möns et khmères au Cambodge donna naissance au royaume du Founan. Influencés par l'Inde voisine, les Khmers adoptèrent sa langue et son écriture, le sanskrit, propageant ainsi l'hindouisme et le bouddhisme dans ce qui sera plus tard l'Indochine. La civilisation angkorienne brillera durant près de cinq siècles dans toute l'Asie du Sud-Est, laissant des monuments remarquables, tels que le temple d'Angkor Vat et la cité royale d'Angkor Thom, avec ses portes monumentales et le temple du Bayon.

L'empire khmer atteignit son extension maximale sous le roi Jayavarman VII (1181-v.1215), ses frontières allant du Champa (Vietnam actuel) jusqu'à la Thaïlande (ancien Siam, temple de Phimai) et au Laos (Vat Phou, Chenla). Le fleuve Mékong et le lac Tonlé Sap, dans la province actuelle de Siem Reap, sont à l'origine de la puissance des souverains d'Angkor. Les Khmers développèrent un système d'irrigation qui permit à leur agriculture de prospérer. Sous le règne du roi Jayavarman VII, la population de sa nouvelle capitale d'Angkor Thom était estimée à un million d'habitants, pour une étendue de plus de mille km2.

Menacés par les raids venus du royaume thaï d'Ayutthaya (1394, 1420) et le pillage d'Angkor en 1431, les rois khmers préférèrent abandonner la région pour aller s'installer dans la plaine du Mékong, autour de la future Phnom Penh. Toutefois, ils n'oublièrent jamais la grandeur passée d'Angkor et de ses merveilleux temples retournés à la forêt. Angkor Vat continua à jouir d'une aura particulière dans toute l'Asie, du Japon à la Birmanie, débordant largement les frontières du Cambodge. Le temple fondé par le roi Suryavarman II (1113-v.1150) demeura un lieu de pèlerinage important, à la grande surprise des voyageurs occidentaux, qui tombèrent sous le charme de ces ruines mystérieuses perdues dans la jungle cambodgienne.

 

PRINCIPAUX SOUVERAINS KHMERS

 

802 - 835 : le roi Jayavarman II abandonne l'ancienne capitale d'Isanapura (Sambor Prei Kuk) pour aller s'installer à Hariharalaya, sur l'actuel site de Roluos, hésitant un temps avec le mont Kulen, au nord d'Angkor, d'où il se libéra de la tutelle des rois de Java.

889 - 910 : le roi Yaçovarman 1er installe la capitale khmère à Yasodharapura, sur le site de l'actuelle Angkor, avec pour centre de la nouvelle ville la colline du Bakheng.

1113 - v.1150 : le roi Suryavarman II, souverain ambitieux et combatif, étend les frontières de l'empire, du Champa (Vietnam actuel) jusqu'à la Birmanie, renouant des relations avec la Chine. Sous son règne, la civilisation khmère atteint son apogée dans de nombreux domaines, avec notamment la construction du temple d'Angkor Vat, son chef-d'oeuvre et son tombeau (le tombeau de Lou-Pan pour le voyageur chinois Tcheou Ta-Kouan (ou Zhou Daguan, 1266-v.1346) qui visita Angkor en 1296-1297).

1181 - v.1215 : le roi Jayavarman VII : à partir de 1190, après une victoire écrasante contre les Chams du Champa (Vietnam), les éternels adversaires des Khmers dans la région, son règne va marquer une étape essentielle dans l'épanouissement de la civilisation khmère, avec la fondation de sa nouvelle capitale d'Angkor Thom et, au coeur de la ville, le célèbre temple du Bayon avec ses tours à visages.

 

ARCHITECTURE (Repères historiques)

 

200 ap. J.C. - 700 : Angkor Borei, Sambor Prei Kuk...

802 - 889 : Prasat Damrei, Phnom Kulen, Prei Monti, groupe de Roluos (Preah Ko, Bakong)...

889 - 941 : Phnom Bakheng, Lolei (Roluos), Baray oriental, Prasat Prei, Phnom Krom, Phnom Bok, Baksei Chamkrong, Prasat Kravan, Koh Ker...

944 - 1000 : Prè Rup, Mebon oriental, Bat Chum, Kutiçvara, Srah Srang, Banteay Srei, Ta Keo...

1002 - 1050 : Angkor Thom (Khleang nord, palais royal, Phimeanakas), Baray occidental, Angkor Thom (Khleang sud, début du Baphuon), Preah Vihar, Phnom Chuor, Vat Phou (Laos)...

1050 - 1113 : Angkor Thom (fin du Baphuon), Mebon occidental, Phimai (Thaïlande), Thommamon...

1113 - v.1150 : Angkor Vat, Chau Say Tevoda, Banteay Samre, Beng Melea... (roi Suryavarman II)

1181 -v. 1215 : Ta Prohm, Preah Khan, Neak Pean, Banteay Kdei, Angkor Thom (Bayon, portes et enceintes, Prasat Chrung, Terrasse des Eléphants, travaux au palais royal), Ta Prohm Kel, chapelle de l'Hôpital, Ta Som, Ta Nei, travaux au Srah Srang, Banteay Chmar (roi Jayavarman VII) v1243 - 1295 : Angkor Thom (Terrasse du roi Lépreux, Preah Palilay, les Preah Pithu, Mangalartha) (roi Jayavarman VIII)

 

VOYAGEURS, SCIENTIFIQUES, ARCHEOLOGUES ET AUTRES AVENTURIERS

 

La découverte des temples d'Angkor par les Européens se fit assez tardivement, avec notamment la traduction du récit d'un voyageur chinois, Tcheou Ta-Kouan (ou Zhou Daguan,1266-v.1346) qui séjourna une année à Angkor en 1296-1297, et les visites depuis le Siam voisin de "touristes" espagnols et Portugais, comme l'écrivain Diogo do Couto (1542-1616), dont le récit ne fut redécouvert et traduit en français que dans les années 1950. L'annexion des provinces khmères de Battambang et d'Angkor par le Siam en 1794 permit aux premiers missionnaires français d'entrevoir les trésors architecturaux camouflés dans la forêt. Les récits de Mgr Jean-Baptiste Pallegoix (1805-1862) et du père Charles Bouillevaux (1823-1913), les notes de voyage posthumes et les dessins du naturaliste Henri Mouhot (décédé au Laos en 1861), ainsi que les contributions de l'ethnographe allemand Adolf Bastian (1826-1905) et du photographe écossais John Thomson (837-1921) provoquèrent un réel engouement des Occidentaux pour cette civilisation inconnue. La France, désireuse d'affirmer sa présence dans la future Indochine, autorisa l'envoie d'une expédition scientifique sur le Mékong en 1866-1868, dirigée par Ernest Doudart de Lagrée (1823-1868), assisté par Francis Garnier (1839-1873), Louis de Carné (1844-1871), le photographe Emile Gsell (1838-1879) et l'explorateur-dessinateur Louis Delaporte (1842-1925). Parmi tous les personnages ayant contribué à une meilleure connaissance de la civilisation khmère, nous pouvons citer l'administrateur Etienne Aymonier (1844-1929), l'architecte et explorateur Lucien Fournereau (1846-1906), l'archéologue russe Victor Goloubew (1878-1945), l'artiste peintre américain Jean Despujol (1886-1965), Georges Coedès (1886-1969), Philippe Stern (1895-1979), conservateur du musée Guimet, l'ethnologue Jean Boulbet (1926-2007), Claude Jacques (1929, Association des Amis d'Angkor), Bruno Dagens (1935), Olivier de Bernon ou Bruno Bruguier, mais impossible de tous les nommer...

 

LA RESTAURATION DES TEMPLES D'ANGKOR ET L'ECOLE FRANCAISE

D'EXTREME-ORIENT (EFEO)

 

Avant même la signature du traité franco-siamois de 1907, qui restituait au Cambodge les provinces de Battambang et de Siem Reap (Angkor), la France s'était déjà investie pour répertorier les sites angkoriens, sous l'impulsion de Louis Finot (1864-1935) et d'Henri Parmentier (1871-1949). Dès 1898, la Mission archéologique d'Indo-Chine, rebaptisée en 1900 Ecole française d'Extrème-Orient (EFEO), est créée à Saïgon (Vietnam), institution dont va dépendre la Conservation des Monuments d'Angkor. Architectes et archéologues prestigieux vont se succéder, parfois au péril de leur vie, dans cette mission de sauvetage du patrimoine khmer.

A partir de 1901, l'architecte Henri Dufour s'attèle au dégagement du temple du Bayon à Angkor Thom, avec l'appui d'Henri Parmentier et assisté par Charles Carpeaux (1870-1905) pour la couverture photographique. Ce dernier succombera aux rigueurs du climat à l'âge de 34 ans.

Le premier conservateur d'Angkor, Jean Commaille (1868-1916), assisté par Etienne Lunet de Lajonquière (1861-1933), poursuit entre 1908 et 1916 le dégagement du Bayon et d'Angkor Vat. Il sera assassiné par des voleurs le 29 avril 1916 alors qu'il transportait la paye des ouvriers. L'architecte Henri Marchal (1876-1970) lui succède à partir de 1919, s'attaquant à la restauration du magnifique temple de Banteay Srei découvert tardivement en 1924, suite au vol de bas-reliefs par le jeune André Malraux, qui sera emprisonné en 1923-1924 pour trafic d'antiquités khmères. Henri Marchal ne quittera jamais réellement la Conservation, poursuivant son action auprès de ses successeurs jusqu'à sa mort à Siem Reap. Georges Trouvé (1902-1935), qui travaille sur le groupe de Roluos et le Bayon, se suicidera en 1935.

Jacques Lagisquet, l'architecte Maurice Glaize (1866-1964), conservateur de 1936 à 1946 (travaux au Mebon oriental, au Phnom Krom, Phnom Bok, Neak Pean, Preah Khan, Bayon, Bakong, Banteay Samre, Mebon occidental), Jean Boisselier (1912-1996), Jean Laur en 1954, assisté par René Dumont. A partir de 1959, c'est au tour de Bernard-Philippe Groslier (1926-1986), dernier conservateur d'Angkor, de s'attaquer à des chantiers colossaux de restauration. Né au Cambodge, il est le fils du résistant Georges Groslier, torturé et exécuté par les Japonais en 1945. Il se lance dans des travaux de grande ampleur, assisté par les architectes Guy Nafilyan (1922-2011) et Jacques Dumarçay (1926), notamment sur les sites de Thommamon, Angkor Vat, Prasat Kravan, et surtout le Baphuon à Angkor Thom, qu'il démonte pierre par pierre avant de devoir se réfugier en Thaïlande devant l'avancée des Khmères rouges (1973). Entre 1975 et 1993, une chape de plomb s'abat sur le pays, le génocide perpétré contre la population par les Khmers rouges verra disparaître plus de un million sept cent mille habitants, dont toute l'élite intellectuelle et culturelle du royaume.

Avec le retour de la paix et du roi Norodom Sihanouk en 1993 (sous l'égide des Nations Unies), la Conservation d'Angkor repris ses activités, sous la direction de Christophe Pottier (Terrasse du Roi lépreux et Terrasse des Eléphants), de Pascal Royère (1965-2014), qui mena la restauration du Baphuon d'Angkor Thom avec les conseils de Jacques Dumarçay, et Jean-François Blusseau.

Les temples d'Angkor sont classés patrimoine de l'humanité par l'Unesco depuis 1992. Je vais tenter de vous les faire découvrir, petit à petit, dès que le temps (et les moyens) me le permettront. Votre compréhension et vos soutiens me permettront de progresser plus vite dans cette entreprise, la numérisation de mes photos et l'utilisation de documents extérieurs étant soumis à autorisation, votre patience va être mise à rude épreuve... Claude Barthe, Choisy-le-Roi, 26 août 2016.

 

 

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