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ILE DE PAQUES, RAPA NUI (« la Grande Ile »), EASTER ISLAND OU ISLA DE PASCUA

UNE ILE MYSTERIEUSE AU CŒUR DE L’OCEAN PACIFIQUE

(Chili : latitude : 27°07’10’’ Sud, longitude : 109° 21’17’’ Ouest : capitale : Hanga Roa)

drapeaux chili-drapeaux ile de paques

 

 

Isolée dans le sud-est de l’Océan Pacifique, l’île de Pâques est une île polynésienne appartenant au Chili depuis 1888. Découverte par le navigateur néerlandais Jakob Roggeveen le jour de Pâques, le 5 avril 1722, l’île de Rapa Nui était alors peuplée par quelques milliers d’habitants. Annexée par l’Espagne le 15 novembre 1770 sous le nom d’Isla San Carlos, une prise de possession sans lendemain, elle fut visitée par le capitaine James Cook en 1774, puis par le Français François de La Pérouse en 1786 à bord de l’Astrolabe et de la Boussole. Victime de ce contact avec le monde extérieur, la culture du peuple Haumaka des origines s’effondra et on ne comptait plus que 111 habitants en 1877, après les raids lancés par les marchands d’esclaves de Callao au Pérou, qui vendirent leurs prisonniers aux exploitants de guano des îles Chincha, et la dictature de l'aventurier français Dutrou-Bornier entre 1870 et 1876. L’élite des guerriers, des prêtres et des membres du clan Miru (revendiquant descendre du premier roi Hotu Matu’a) une fois massacrée ou frappée par des épidémies et des maladies importées par les Occidentaux, (tuberculose,variole, syphilis), la mémoire des survivants disparue à jamais. Repeuplée par des habitants de Rapa (dans les îles Australes, Polynésie), l'île de Pâques pris le nom de Rapa Nui (la grande Rapa), pour la distinguer de l'autre Rapa, surnommée la petite Rapa (Rapa Iti). Très métissés, les nouveaux habitants, devenus chrétiens (1868), et leur culture, furent nommés rapanui.

 

Nous savons peu de choses sur l’histoire de l’île, entre la date approximative de l’arrivée de ses premiers habitants, autour de l’an 400 après J.C., et le XVIIe siècle, à l’arrivée des premiers explorateurs européens. La première vague de colonisation serait venue de Polynésie, depuis les îles Marquises, à plus de 4 000 kilomètres à l’ouest de là. D’après la légende, le roi Hotu Matu’a envoya depuis l’île d’Hiva sept guerriers explorer les mers à la recherche d’une nouvelle terre à peupler.  Le roi et son peuple, les Haumakas, s’y installèrent peu après sa découverte, débarquant sur la petite plage d’Anakena. Son petit-fils Miru qui lui succéda donna son nom à la nouvelle dynastie royale et transmis à ses héritiers la dignité d’ariki-nui (roi de l’île). Du XIIIe siècle jusqu’aux alentours du  XVe siècle, ce fut l’âge d’or de la culture haumaka. S’inspirant de la croyance des tiki issue de leurs ancêtres marquisiens, chaque clan de l’île se mit à ériger des plateformes cérémonielles (les ahu) sur lesquelles furent érigées une ou plusieurs statues de pierre (moai) à l’effigie des anciens face à leurs villages, les protégeant ainsi de leurs regards.  On estime à un millier de moai et à plus de 272 ahu érigés durant cette période. Les statues furent pour la plupart sculptées à partir des flancs du volcan Rano Raraku, certaines coiffées de pukao en scories rouges provenant du cratère de Puna Pau. 

 

Victimes de la déforestation, de l’érosion et du manque d’eau provoqué par les changements climatiques, la population qui pourrait avoir atteint 10 000 habitants à son apogée, se tourna vers une agriculture intensive pour survivre. Contrairement aux premières théories des archéologues qui pensaient que l'île avait sombré dans le chaos, une guerre tribale opposant le clan des "grandes oreilles" à celle des "petites oreilles", les habitants s'adaptèrent au changement climatique provoqué par la déforestation, utilisant des milliers de pierres basaltiques (source de chaleur) pour maintenir des cultures agricoles en quantité suffisantes, évitant ainsi crise alimentaire et famine. Les milliers d'objets triangulaires en obsidienne découverts sur toute la surface de l'île, appelés mata'a, ne sont en fait pour la plupart du temps que des outils de jardinage, et non des armes ou des pointes de flèches utilisées dans un conflit. L’arrivée des premiers explorateurs occidentaux semble avoir provoqué certains changement dans le mode de vie des habitants. Suite au traité d’annexion signé avec l’Espagne en 1770 (resté sans suite), une écriture apparue sous forme de tablettes de bois sur lesquelles furent gravés des signes, les rongo-rongo, formant des phrases ou des chants religieux inspirés du culte naissant de l’homme-oiseau (Tangata manu), et des artistes commencèrent à sculpter ou à dessiner des pétroglyphes symbolisant la nouvelle religion, avec  le Make-make, leur principale divinité. Moaï et ahu conservèrent toutefois un rôle important dans la vie locale, mais furent désacralisés. Les statues furent renversées sans violence, visages tournés vers le sol. Très peu d'entre elles furent brisées, malgré la fragilité de la pierre de tuf dans laquelle la plupart des moaïs étaient sculptés. Les ahus furent dorénavant utilisés comme tombeaux pour conserver les ossements des personnes décédées, l'inhumation des corps prenant le pas sur l'incinération coutumière (faute de bois probablement). La carrière du Rano Raraku devint tabou, et les dernières statues sculptées sur les flancs du volcan interdirent tout retour en arrière. Les contacts avec le monde extérieur furent probablement les principaux responsables de la disparition de cette civilisation unique en son genre. Les maladies introduites par les visiteurs occidentaux (mst, variole, lèpre...), les razzias des esclavagistes commanditées par le Pérou pour l'exploitation du guano (1862-1864), et la tyrannie du Français Dutrou-Bornier (1870-1876), sont les vraies causes de ce génocide qui ne veut pas dire son nom. Il ne restait plus que 110 survivants en 1877, un certain nombre de Rapanui ayant préféré suivre les missionnaires en Polynésie afin de fuir la misère. L'annexion de l'île par le Chili en 1888 (suite au refus par la France d'intervenir) amplifia encore le désastre, avec la location des meilleures terres à une société britannique d'élevage de moutons (1903-1953). Les derniers habitants furent parqués derrière des barbelés à Hanga Roa, privés de tous droits et traités en pestiférés par la marine chilienne jusqu'en 1966. Abandonnés à leur sort et privés de leur mémoire ancestrale, ils retrouveront leur dignité grâce au courage d'un jeune rapanui, Alfonso Rapu, qui deviendra le premier maire autochtone d'Hanga Roa (1965). Très métissée et minoritaire sur son île, la communauté rapanui est toujours à la recherche de sa mémoire perdue. Seules quelques tablettes rongo-rongo ont pu être sauvées par des voyageurs de passage et se trouvent aujourd'hui à l'abri dans des musées occidentaux. Les autres furent brûlées par les rescapés qui, ne sachant pas les lire, s'en servirent comme combustible. Heureusement, de nos jours, les dernières découvertes archéologiques permettent de pouvoir affirmer que les Rapanui ne sont pas responsables de la chute de leur civilisation. Ouf...

 

 

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